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Institut Périchorèse - Atelier d'iconographie

Billet du 2011-11-28

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La belle histoire de Nylda
 

Certaines 'belles histoires' ont donné de grandes productions télévisuelles ou cinématograpiques, telles nos légendaires Belles histoires des pays d'en-haut de Claude-Henri Grignon ou encore ce film symbolique si fascinant réalisé par Claude Lelouch en 1992 et intitulé tout simplement La belle histoire.

 

La belle histoire racontée ici ne fera sans doute jamais l'objet d'une telle popularisation, ce qui ne lui enlève aucunement son côté touchant et spirituellement inspirant.  Pour moi, elle entre dans ce type de récit dont je disais, en parlant des films Invectus et Les choristes, qu'elles sont « une belle histoire à laquelle j’ai vraiment envie de croire ».    L'aventure s'est passée samedi le 19 novembre dernier et Nylda nous l'a racontée en arrivant à l'Atelier d'iconographie In-Chora, toute émue de ce qu'il faut bien convenir d'appeler avec elle un miracle. 

 

Avant de présenter son histoire telle qu'elle l'a elle-même écrite, quelques mots sur l'expérience  de Nylda avec sa première icône du Christ Pantocrator Sauveur, dite aussi ICO 101, qu'elle a terminée au cours de l'année 2011.  Chaque étape de l'écriture de cette icône a été une aventure, tant au point de vue technique que spirituel.  Nylda vit avec Jésus une expérience qu'il ne faut pas hésiter à qualifier de mystique.  Pour reprendre la savoureuse expression de soeur Denise Lefebvre, rhsj, qui a commencé sa première icône en même temps qu'elle, le Seigneur lui court littéralement après, multipliant les clins-dieu à son égard en suscitant toutes sortes d'événements, tantôt sérieux, tantôt amusants.  S'il est une personne à qui le chant des prophètes s'applique, c'est bien à elle tant il est clair que le Seigneur lui parle directement au coeur, qu'elle a grand, la comblant de délicates attentions pleines de tendresse, la rejoignant par l'imagination, la sensibilité et la saine sensualité de son corps (Os 2, 16, 21 ).  Et Nylda, artiste  par toutes les fibres de son être, Nylda se laisse toucher.   C'est ça le plus beau et c'est ce qui est célébré ici.

 

Les derniers moments de l'écriture de sa première icône ont été particulièrement émouvants pour Nylda qui a pleuré (elle me pemert de le dire) en voyant s'éclairer le regard du Christ de son icône.  La pose des ogivkis (rehauts blancs), en particulier celle de la touche de lumière qui crée discrètement le blanc des yeux, est toujours impressionnante, mais c'était la première fois que je voyais quelqu'un pleurer de reconnaissance, dans le double sens du mot, en voyant pour la s'illuminer le regard de Jésus pour elle.  Nous n'étions pas loin de tous pleurer avec elle !  Je vous raconte cela pour que, en lisant son histoire, vous saisissiez avec davantage de profondeur la densité de l'expérience que Nylda a vécu ce récent samedi de novembre.

 

Voici donc la 'Belle histoire de Nylda', telle qu'elle la raconte elle-même et merci à elle de nous la partager avec une si belle simplicité.  Je ne sais pas si les sceptiques, comme aurait dit le Capitaine Bonhomme, « seront confondus », mais si vous avez vraiment envie d'y croire, allez-y, ne vous gênez pas et faites-vous plaisir !

 

« Un samedi matin, je sors de chez moi, à Brossard, pour faire quelques emplettes et ensuite aller à Montréal pour me rendre à mon atelier d'iconographie à l'Institut Périchorèse.  Je me rends compte, en plein sur le Pont Champlain, que j'ai oublié mon icône du Christ Pantocrator que Michèle Lévesque, professeur et directrice de l'Institut, m'avait demandé d'apporter en vue de la photographier.

 

Que faire ? Mon esprit tourmenté hésitait entre deux solutions.  La première, la plus facile était : "Tant pis, je demanderai à Michèle de m'excuser et ce sera partie remise pour la prochaine  fois !"  Mais l'autre solution me tenaillait, impérieuse : "Non, j'ai promis que je l'apporterai, je retourne à la maison chercher le Christ.  Finalement, je fais demi-tour par l'Île-des-Soeurs. Arrivée chez moi, je vois de la fumée !  J'ouvre rapidement la porte. Catastrophe !  Toute la maison était enfumée, du haut jusqu'en bas, avec une odeur âcre qui envahissait toute ma demeure.  Affolée, j'éteins la cuisinière d'où partait la fumée.  J'y avais oublié un mets qui mijotait dans une marmite et qui, bien entendu, était calciné. J'ouvre toutes les fenêtres et toutes les portes.  Je réalise en tremblant que si je n'étais pas revenue chez moi, toute la maison aurait brûlé. Mais, heureusement, j'étais retournée chez moi et l'incendie n'avait pas eu le temps de se déclarer.  J'attends que la fumée s'échappe de la maison, puis je prends mon Christ et  m'apprête à repartir à l'Institut.  Mon voisin qui me regardait faire, très inquiet, vient vers moi et écoute mon histoire.  Il me demande ce que j'avais dans les mains, bien enveloppé dans une écharpe de laine et de soie blanche.  Je lui montre mon icône.  Il est interloqué et me dit : "Nylda, Jésus t'a ramenée chez toi pour te sauver." »

 

 

« Je retourne à la maison chercher le Christ. »  Quelle belle manière de dire et quelle belle histoire à publier en ce lendemain du premier dimanche de l'Avent, en route vers Bethléem, la Maison du pain !  « Heureusement, j'étais retournée chez moi »  : retourner et rentrer en vous pour y chercher le Christ qui vous «ramène à la maison pour [vous] sauver », c'est bien là la grâce que nous vous souhaitons pour ce Noël qui vient.

 

 

Michèle Lévesque et Nylda Aktouf

28 novembre 2011