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Institut Périchorèse - Atelier d'iconographie

Billet du 2011-11-26 (rév. 2011-12-30)

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L'identification des Apôtres dans certaines
icônes des Grandes Fêtes, scènes évangéliques diverses et synaxes

avec exemples, tableau-guide et typologie
 

Dans son commentaire du Manuel d’iconographie du moine Denys de Fourna de l'Athos, M. Didron constate qu'il peut y avoir «mille difficultés» à reconnaître les apôtres sur les images religieuses en général, et les icônes en particulier, surtout en présence d'indices contradictoires. (1)    

Ce document, incluant les outils pratiques qui le complètent, a pour objectif d'aider à s'y retrouver dans le processus d'identification des apôtres dans les scènes de groupe.  Les icônes concernées sont celles de certaines Grandes Fêtes (2), les scènes évangéliques diverses et les Synaxes des Apôtres.

Contenu

  1. Une première partie, correspondant à cette page web, fait le survol de la difficulté.  Elle propose une typologie et situe la méthode d'identification par attributs.  Les titres des sections sont :

    1. Résumé des difficultés (problématique)

    2. Typologie proposée avec précisions théologiques et exemples

  2. Une deuxième partie, offerte en fichier distinct de format .pdf, présente un Tableau-guide facilitant l'identification. Ce tableau, numéroté et illustré, est classé par nom des apôtres.  Il indique le nom de l'apôtre en anglais et en français, les caractéristiques relevées par le moine Denys de Fourna et celles provenant de mes propres observations. 

Un second tableau synthétise les informations du premier, mais en donnant moins de détails.

  1. Une troisième partie, également offerte en fichiers .pdf distincts, illustre le propos en donnant trois types d'exemples correspondant à la typologie proposée : 

    1. Le premier est une icône de type historique, le Lavement des pieds ;  

    2. Le second est l'icône-charnière de l'Ascension de type transhistorique ;  

    3. Le troisième, qui relève de ce que j'appelle ici la métahistoricité, est une Synaxe des Apôtres sous la forme symbolique du Christ Vraie-Vigne.  Nous donnons deux exemples de ce modèle, le premier avec une icône grecque du XVIIIe s. et le deuxième avec une icône crétoise du XVIIe s.  Les numéros inscrits dans les encadrés précisent la séquence d'identification que j'ai suivie.

1.  Résumé des difficultés (problématique)

L'identification des personnages sur les icônes se fait de deux façons.

La première passe par le repère des attributs du saint ou de la sainte, le plus souvent la couleur et longueur des cheveux, la présence ou nom de barbe dans le cas des hommes, la couleur et la forme des vêtements, les objets symboliques qui lui sont associés - sans compter le contexte iconographique lui-même (par exemple, une icône de la Transfiguration inclura toujours les apôtres Pierre, Jacques et Jean).  Les attributs physiques (cheveux, barbes) sont plus déterminants que la couleur des vêtements qui varie beaucoup selon les pays et les époques.

Le second repère, qui est en fait la plus important de tous, est l'inscription donnant le nom du personnage représenté.  Outre leur valeur théologique en regard de la symbolique du Nom, les inscriptions sont vitales pour l'identification car, comme nous venons de le dire, les autres attributs varient souvent d'une icône à l'autre.  Cela dit, il arrive fréquemment que les inscriptions soient effacées sur les icônes anciennes ou alors écrites dans une autre langue (grec, slavon, roumain, arabe, etc.).

Les icônes montrant le groupe des douze apôtres présentent en plus une difficulté particulière.  

La première difficulté tient au fait que certaines grandes Fêtes et les Synaxes incluent, sans dépasser le nombre canonique de douze, trois personnages qui ne faisaient pas partie du groupe choisi directement par Jésus, ceux que l'on appelle génériquement 'les Douze' (3).  Ainsi, saint Paul, converti après l'Ascension et devenu l'Apôtre des non-Juifs (Gentils), est ajouté moins pour son rôle, pourtant crucial, dans la création des premières communautés chrétiennes que pour les nombreuses épîtres qu'il a écrites à ces églises locales et dont la valeur universelle, tant doctrinale que pastorale, est incalculable.  Les deux autres, Marc et Luc, sont ajoutés à Matthieu et à Jean à titre d'évangélistes (4).  Nous comprenons ainsi d'entrée de jeu la raison pour laquelle sur certaines icônes cinq parmi les douze apôtres (soit Jean, Matthieu, Luc, Marc et Paul) tiennent le Livre des Évangiles et non le rouleau des Écritures comme le font les sept autres.  Cela permet aussi de déduire que c'est l'importance de leur corpus scripturaire qui leur attribue le Livre et non leur position dans le groupe (Pierre est le chef), non plus que leur statut d'écrivain sacré proprement dit car, en effet, Pierre, Jacques et Jude ont également écrit des épîtres qui ont été incluses dans le Nouveau Testament.    

La deuxième difficulté provient de l'absence fréquente d'inscriptions sur les icônes présentant un groupe d'apôtres, qu'ils soient quelques-uns ou douze, et ce même sur les icônes des Grandes Fêtes.  Ces dernières sont en effet presque toujours identifiées seulement par le titre de l'événement (ex. 'La Transfiguration') sans que les personnages, à l'exception du Christ et de la Théotokos, y soient clairement nommés.  

2.  Typologie proposée avec précisions théologiques et exemples

Dans le but de faciliter la discussion, et toujours dans notre contexte d'identification des personnages dans les icônes présentant un groupe de douze apôtres, nous pouvons établir quelques distinctions entre les scènes iconographiques.  C'est une typologie indicative dont les champs se recoupent et qui ne prétend ni à l'exhaustivité, ni à une quelconque valeur scientifique.  Je l'ai créé dans le seul but de structurer ma propre réflexion et c'est à ce titre que je la propose ici.    

A.  Un premier groupe de scènes peuvent être dites historiques car elles présentent des événements survenus au cours de la vie terrestre de Jésus et avant sa résurrection.  Deux grandes Fêtes se rattachent à ce type, soit l'Entrée à Jérusalem et le Lavement des pieds.  Sur ces icônes, les apôtres sont les Douze choisis par Jésus et ils ne portent pas de nimbe, ou auréole, ce halo qui entoure la tête dans les représentations des saints et des saintes de plusieurs traditions religieuses et qui symbolise une état achevé de sainteté.   

B. D'autres grandes scènes de Fêtes, pré- ou post-pascales, ont un caractère transhistorique clairement indiqué par la présence d'une mandorle bleue, appelée aussi 'Gloire'.  Ce grand cercle ou ovale symbolise la présence toute spéciale de Dieu à l'événement raconté , d'où leur nom de 'théophanies', mot qui signifie littéralement 'manifestation de Dieu en visibilité' (de théos, Dieu, et phanien, apparaître, verbe construit sur phôs, lumière).  Notons que les auréoles des saints, saintes et anges sont des petites mandorles (et vice versa car la mandorle est en fait un nimbe élargi aux dimensions du cosmos) qui indique une sainteté par grâce et participation à celle de Dieu.   L'auréole du Christ-Jésus constitue un cas à part car la Croix qui y est dessinée porte l'inscription du nom divin, le Òê0 grec de Ex 3, 14 , souvent traduit par 'Je suis qui je suis' (littéralement “l'étant”, participe présent du verbe être, l'être existant).  Cette inscription dans le nimbe crucifère du Christ confesse la foi en la divinité de cet homme, Jésus. 

Les scènes de type transhistorique appartiennent indéniablement à l'histoire (nous croyons dans la foi que ces événements se sont réellement produits dans notre temps et notre espace), mais ils la débordent aussi infiniment en instaurant un ordre nouveau qui pénètre en traversant, dynamise et spiritualise notre monde de l'intérieur sans pour autant en abolir la spécificité.  Ces théophanies très particulières sont  l'Annonciation , la Nativité , la Théophanie du Baptême , la Transfiguration , l'Anastasis (Descente aux Enfers) , l'Ascension , la Pentecôte et la Dormition-Assomption de la Mère de Dieu .  (voir toutes ces images en diapos avec leurs hyperliens ™). Les icônes de ces trois dernières grandes Fêtes intéressent notre propos car elles montrent douze Apôtres, mais cette fois en incluant Paul, Luc et Marc. 

Ces trois icônes mettent en scène des passages cruciaux de la naissance de l'Église chrétienne et chacune a donc un message théologique particulier à livrer.  Outre la mandorle, et toujours en lien avec notre propos de l'identification des apôtres dans les icônes de groupe, les indices iconographiques qui permettent de situer ces sens doctrinaux et kérygmatiques sont les documents (Rouleau ou Livre) que tiennent les apôtres ainsi que leur nimbe. 

  1. Ainsi, dans les icônes de l'Ascension, les apôtres assemblés autour de la Mère de Dieu n'ont pas de nimbe et ils tiennent tous le Rouleau des Écritures.  Ici, Jésus nous quitte dans sa matérialité, mais il est encore visible pour les disciples qu'Il vient d'investir d'une mission très concrète, celle d'annoncer à tout l'univers la Bonne Nouvelle en tant qu'accomplissement des promesses de salut de l'Ancien Testament, ancienne Alliance symbolisée par les Rouleaux.

  2. Dans les icônes de la Pentecôte, au contraire, les douze apôtres, chapeautés par la grande mandorle théophanique, sont nimbés.  Ils tiennent tous le Texte saint dans leur main, soit le Rouleau des Écritures, soit l'Évangile - ce qui indique un registre transhistorique plus marqué, un kairos (temps sacré) très particulier.  Ici, Jésus est présent en son seul Esprit, mais tellement présent et vivant que l'événement fonde, dans une nouvelle visibilité et très concrètement, son corps qui est l'Église.  Le passage actualisé de l'Ancien au Nouveau Testament est souligné par la présence du Cosmos sortant de la Nuit en tenant dans un linge les douze Rouleaux figurant les douze Tribus d'Israël.  Soulignons qu'une controverse existe à savoir si Marie doit être figurée ou non sur les icônes de la Pentecôte.  Peu d'icônes l'incluent sous prétexte que l'événement fonde l'Église et qu'elle est l'Église, ce qui me semble bien réducteur.  Une théologie de l'hétimasie, le trône vide , me semble beaucoup plus adéquate.  Une chose est certaine en finale, c'est qu'elle était présente, avec d'autres disciples, dont des saintes femmes, ce qu'affirme sans équivoque le contexte des Actes en 1, 14 et 2, 1-2 .  Les icônes de la Pentecôte elles-mêmes donnent des indices clairs d'une assemblée élargie comme le montre le mouvement de tête de certains apôtres tournés vers l'extérieur du cadre de l'image. .  Cette controverse a le mérite de bien illustrer la transhistoricité comme agencement de l'historicité (présence de Marie) et le sens -trans que les discours peuvent donner aux événements.

  3. Les icônes de la Dormition-Assomption de la Mère de Dieu - du moins celles à deux registres et non celles présentant sa seule dormition (mort) - sont très particulières.  Dans le registre du bas, à caractère historique, elles mettent en lumière le premier volet de la doctrine, à savoir la mort corporelle de Marie, tandis que le registre du haut marque l'instauration de quelque chose qui déborde l'histoire et même la transhistoricité dont nous parlons ici et que nous appellerons plus bas 'métahistoricité'.  Au centre, le Christ glorieux (figuré comme sur les icônes transhistoriques typiques, par exemple la Transfiguration) recueille l'âme de Marie de ses mains voilées, en signe de respect.  Il est la vivante liaison entre les dimensions figurées sur cette icône.   Dans la section du bas, l'inclusion des nimbes est variable.  Le plus souvent, en plus du Christ et de la Théotokos, seuls les évêques et les anges ont une auréole, mais non les apôtres.  Nous avons donc une figuration qui est similaire à celle que nous avons vue avec les icônes historiques de l'Évangile (et l'Ascension), ce qui confirme, je le répète, l'insistance sur la réalité historique de l'événement.  Par ailleurs, les récits (apocryphes) de la Dormition disent que les apôtres, déjà dispersés aux quatre coins de l'Empire, auraient été amenés physiquement par des Anges pour être présents au départ de la Vierge qu'ils entourent.  Seules les icônes très complètes illustrent ce voyage des apôtres dans la partie supérieure de l'image et, là, chacun a son auréole.  Dans le bas, on voit également Paul et Pierre agiter un encensoir, mais aucun apôtre ne tient un quelconque document dans ses mains.  Tous ces symboles rassemblés sont un langage et ils livrent un message important et unique.  Quelque chose d'autre se dit ici qui a une portée eschatologique tout à fait inédite.  Cet 'inouï' absolu est signifié par la présence de deux Mandorles - ce qui constitue une première dans les icônes des Fêtes (5).  La première, remplie d'Anges, entoure le Christ, tandis que la Femme siège dans la seconde Gloire qu'élèvent au Ciel d'autres Anges.  Marie-Théotokos déjà ressuscitée dans sa chair y est montrée seule car, bien que toujours inséparable du Christ-Dieu qui lui redonne vie, elle est ici prototype de chaque croyant et croyante pris individuellement en même temps que symbole archétypal de l'Église.  En elle s'inaugure l'accomplissement qui se finalisera lors de la seconde venue du Christ à la fin des temps (6).  La présence, à la fois respectueuse et très émue des Apôtres, témoigne de la gravité de cet événement unique sur Terre et dans les Cieux.

C. Une troisième et dernière forme de figurations des apôtres en groupe nous intéresse, soit les icônes appelées synaxis, mot qui signifie assemblée, réunion, regroupement, synode.  Elles participent de ce que j'ai appelé plus haut métahistoricité, soit, littéralement, 'ce qui vient après l'histoire'.   L'Assomption de la Théotokos, nous l'avons vu, participe de ce registre. 

  • Un premier type de synaxes  figurent un regroupement de personnes réunis pour un grand événement liturgique ou ecclésiastique comme, par exemple, les icônes du Concile de Nicée II (787) qui montrent les membres du concile et l'impératrice Irène entourant une icône de la Mère de Dieu.    L'hétimasie, dont nous avons dit un mot plus haut, est souvent présent pour indiquer qui préside réellement l'assemblée.  Ce type de synaxes représente donc des événements historiques, tout en indiquant par le symbole qu'un autre ordre de réalité agit dans l'événement.

  • Un deuxième type de synaxes relève toutefois d'une autre catégorie, complétant celles de l'historique et du transhistorique que nous avons vues plus haut, et que d'aucuns pourraient appeler ahistorique - littéralement 'sans histoire' ou 'abstrait de l'histoire', en autant qu'une telle perspective soit possible à la lumière de l'Incarnation, ce dont je doute fort.  Je préfère donc utiliser le terme métahistorique dont le sens précis est, on l'a vu, 'ce qui vient après l'histoire'.  Les icônes de ce type montrent l'état bienheureux comme réalité actuelle dans les saints et les saints, une réalisation personnelle et encore purement spirituelle qui inaugure, préfigure et annonce l'accomplissement d'une plénitude (plérôme) qui nous concerne tous. (7)  

Les 'portraits' des saintes et saints font partie de cette catégorie et, parmi eux, se trouvent les synaxes montrant les Apôtres seuls ou avec le Christ et/ou la Vierge .  Cela dit, les synaxes des seuls apôtres autour de la Vierge sont plus rares - on les voit habituellement entourés d'autres saints et saintes.  Par ailleurs, les représentations montrant ces mêmes apôtres réunis autour de la Mère de Dieu au Cénacle, seuls ou avec d'autres disciples et les saintes femmes, sont également des synaxes au sens générique du terme - ce qui fait de l'icône de la Pentecôte une icône de type synaxique, bien qu'elle n'appartienne pas au type métahistorique présenté ici. 

Il existe aussi des synaxes hautement symboliques, telle l'icône du 'Christ Vraie-Vigne' où les apôtres entourent le Christ-Arbre de vie et dans laquelle saint Jean est représenté âgé.   Toutes ces formes d'iconographie d'assemblées nous intéressent ici car il souvent difficile d'y identifier précisément chacun des apôtres.

Outils pour aider à I'identification des Apôtres selon leurs attributs

Cette mise en contexte est plus que suffisante pour situer le travail d'identification des personnages par attributs en lien avec le thème théologique de l'icône où ils sont figurés en groupe.  

Pour finaliser ce survol, voir les documents joints présentant deux types d'outils pour guider cette identification, soit un tableau-guide et des exemples.  Pour ce faire, revenir à la liste du 'Contenu'  présentée en haut de cette page et suivre les liens.  

 

Michèle Lévesque

M.A. théologie UdeM et iconographe

 

26 novembre 2011

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Notes

  1. de FOURNA, Dionysios [Denys] (XVIIe s.).  Manuel d'iconographie chrétienne grecque et latine / avec une introd. et des notes par M. Didron (1963) (p. 299-300). (Traduit du manuscrit byzantin, Le guide de la peinture, par Paul Durand, (1845). N.Y.: Burt Franklin. 

  2. En plus de cet hyperlien présentant un résumé des Douze Fêtes principales, voir aussi les Pages Orthodoxes La Transfiguration à http://www.pagesorthodoxes.net/index-details.htm.  Voici un résumé des liens qui y sont offerts : Nativité de la Vierge Marie (8 septembre), Exaltation de la Sainte Croix (14 septembre) ; Présentation au Temple de la Vierge Marie (21 novembre) ; Nativité du Christ (25 décembre) ; Sainte Théophanie (6 janvier) ; Sainte Rencontre ou Présentation du Christ au Temple (2 février) ; Annonciation (25 mars) ; Entrée du Christ à Jérusalem ; Résurrection du Christ - La Grande et Lumineuse Pâque ; Ascension du Christ ; Pentecôte ; Transfiguration du Christ (6 août) ; Dormition de la Mère de Dieu (15 août).

  3. Les Douze sont : 1) Simon-Pierre 2) André le premier appelé, frère de Pierre 3) Jacques, fils de Zébédée, dit 'le Majeur' 4) Jean, dit 'le Théologien', fils de Zébédée et frère de Jacques le Majeur 5) Philippe 6) Barthélémy, appelé aussi Nathanael 7) Thomas, appelé aussi 'Didyme' (Jumeau) 8) Matthieu, appelé aussi Lévi 9) Jacques, fils d'Alphé (frère de Jésus), dit 'le Mineur' 10) Jude, appelé aussi Thaddée 11) Simon le Zélote 12) Matthias qui a remplacé Judas l'Iscariote.   (Source : http://fr.orthodoxwiki.org/Ap%C3%B4tres).  La liste de Didron, op. cit., regroupe les mêmes noms, mais en suivant la hiérarchie du Canon de la messe latine, ce qui donne : “Pierre, Paul, André, Jacques, Jean, Thomas, Jacques, Philippe, Barthélémy, Matthieu, Simon, Thaddée [Jude].  Saint Mathias est absent, et n’est nommé qu’après la consécration, avec les martyrs.” (p. 303).

A noter que le titre d''Apôtre' n'est pas réservé au seul groupe des Douze enrichi des saints Luc, Marc et Paul, mais qu'il est également attribué aux disciples proches de Jésus (cf. l'icône des Soixante-Dix saints Apôtres ), sans oublier bien sûr Marie-Madeleine appelée à juste titre 'lÉgale des Apôtres' et 'Apôtre des Apôtres'.  Sur ce thème, voir le très beau texte, profond et excellemment documenté, qu'a écrit Michel St-Onge en 2008.   

  1. Matthieu et Jean faisaient partie des Douze (cf. note précédente).  L'évangéliste Luc a également écrit les Actes des Apôtres qui font le récit de la vie des premières communautés chrétiennes, notamment celles fondées par saint Paul.  De son côté, saint Jean est l'auteur de l'Apocalypse.  Luc est également le patron des iconographes : la tradition dit qu'il aurait écrit les 70 icônes prototypales de la Mère de Dieu qui lui serait apparue, soit physiquement, soit en vision mentale, pour lui servir de modèle.

  2. Ne pas confondre la nature des deux mandorles dans les icônes de la Dormition-Assomption avec celles que l'on retrouve sur les icônes de l'Annonciation, de la Nativité et du Baptême.  Celles-ci prennent une forme double, soit, dans le haut de l'icône, un cercle tronqué d'où part un rayon donnant naissance à une deuxième mandorle, plus petite, dans laquelle est peinte une colombe, symbole de l'Esprit.  De cette petite mandorle sort trois autres rayons qui vont se déposer sur la tête du personnage principal, tantôt la Vierge, tantôt Jésus, tantôt les deux comme dans les Nativités.  La mandorle de la Théotokos participe bien sûr de la même Gloire divine (trinitaire), mais elle porte une signification différence, propre à son mystère personnel et à ce qu'elle symbolise au niveau ecclésial.  

  3. Le Christ des coupoles dans les églises orthodoxes est celui de l'Ascension, mais sa figuration renvoie à sa promesse de retour que rappellent les deux Anges dans Ac 1, 10-11 - d'où son appellation de 'Christ de la Seconde Venue'. (cf. Labrecque-Pervouchine, Nathalie (1982). Histoire de l'évolution de l'iconostase russe. Mtl : Bellarmin).

  4. “Purement spirituelle”, à la différence de la Mère de Dieu que les Églises catholiques et orthodoxes, ainsi que certaines Églises nées de la Réforme, confessent comme assomptionnée (montée au ciel) dans son corps personnel, comme on la vu plus haut.  Le christianisme traditionnel croit que les justes possèdent la béatitude parfaite après leur mort (et suite à un jugement que l'on appelle particulier), mais qu'ils restent néanmoins en attente de la réunion de cette âme couronnée à leur corps mortel ressuscité, événement qui se produira à la fin des temps, au retour final du Christ, avant le grand jugement général (dernier).  Cette théologie a fait l'objet de nombreux développements - et controverses - au cours de l'histoire des doctrines, notamment avec le pape avignonais Jean XXII (1244-1334) qui contestait l'idée que la vision béatifique totale (Dieu en son essence) doivent attendre la résurrection du corps.

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